Sacré Lanka !

Parti du détroit du Bosphore en 1975, j’ai bouclé la boucle de mes voyages et séjours en Asie, plus de quarante années durant – avec des retours en Europe, des étapes en Afrique, en Amérique – en résidant professionnellement quatre années à Sri Lanka, avec comme base Colombo, le quartier construit sur le terrain des anciennes plantations de cannelle (Cinnamon gardens).

Il me faut ici en premier lieu remercier très chaleureusement ou plus exactement honorer la mémoire de feu Paul JEAN-ORTIZ, sinologue, diplomate talentueux et inspiré, asiate qui a montré la voie ou tracé le chemin pour nombre d’entre nous, conseillers au ministère des Affaires étrangères en poste dans différents pays de la région.
Un de nos échanges par écrit, peu après mon arrivée à Colombo, alors qu’il exerçait les fonctions de Conseiller diplomatique du Président de la République, avait porté sur le séjour à Ceylan d’une année – en 1928)- (après un an passé à Rangoon, juste avant de partir en poste à Singapour puis à Batavia) du jeune consul Ricardo Reyes, supervisant le commerce du thé vers l’Amérique du sud via le port de Valparaiso. Ce séjour particulièrement exotique pour un jeune chilien a donné lieu à la publication d’un petit recueil en français La solitude lumineuse, extrait des mémoires de l’auteur, connu sous son prestigieux nom de plume, Pablo Neruda.

Cette histoire de vie quotidienne dans l’Asie brune, où un jeune homme, se tenant (et tenu) à distance tant de (par) la bonne société locale que des (et par les) agents de la colonisation britannique, raconte sa vie quotidienne en compagnie de sa fidèle mangouste, chasseuse de serpent, Kiria, avait amusé P.J.O. et il m’en avait recommandé la lecture pour faire contrepoids au Poisson-scorpion de l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier, séjour de neuf mois dans la même île qu’il aimerait quitter physiquement mais où il reste, atteint par quelque fièvre, pour effectuer un passionnant voyage intérieur.

C’est en référence à cet échange épistolaire et à cet épisode littéraire hors du commun que j’ai souhaité concrétiser un projet de découverte de l’île resplendissante (étymologiquement parlant) à travers une sélection d’extraits de textes en français : www.geolitt.org sur Taprobane, Ceylan, Sri Lanka. Des textes partagés avec des lecteurs, habitants natifs de Sri Lanka, francophones – il y en a peu mais leur faible nombre doit être pondéré par leur qualité, des résidents diplomates, représentants d’entreprises ou membres de la société civile, des retraités passionnés ou encore des touristes parmi le groupe des voyageurs francophones en nombre croissant (100.000 par an environ sur le près de 1,5 million de touristes accueillis chaque année).

Ce site au carrefour de la bibliophilie, de la géographie et des nouvelles technologies, développé en relation avec le centre d’Art et de Culture Suriyakantha et l’association des professeurs de français de Sri Lanka (APF) est accessible depuis la pierre de lune représentée sous la carte-livres de Sri Lanka. Ce site est participatif et chacun peut aisément y contribuer en faisant part d’une ou plusieurs propositions d’insertion.

Le site propose également d’autres entrées, différents points de vue au sens littéral du terme, documents en cours d’intégration, où poésie et photographie se répondent.

Michel Treutenaere